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Fiche lecture

11 février 2009

Fiche de lecture Philippe Meirieu Faire l'école, faire la classe

untitledMEIRIEU Philippe, Faire l’école, faire la classe, ESF Ed, 2004

L’auteur :

* a enseigné à tous les échelons de l’institution scolaire

* a participé à la création du Conseil National des Programmes, des IUFM, la réforme des collèges et des lycées (1998-2001)

INTRODUCTION LE TEMPS DE LA SYNTHESE

Pour le 100e titre de la Collection Pédagogies dirigée par Philippe Meirieu, celui-ci tente de présenter une synthèse de la pédagogie actuelle pris en otage dans de confus débats depuis trente ans. Cet « outil de formation » fait le point sur la spécificité de l’institution scolaire et du « projet d’enseigner » pour permettre aux jeunes enseignants d’avoir une vision globale du métier et d’acquérir ce « quelque chose » qui donnera du sens à leur vocation.

1ere partie L' ECOLE : PRINCIPES POUR UNE INSTITUTION

Dans cette première partie, l’auteur va énumérer une série de principes qui fixent les finalités de l’Ecole et qui donnent du sens à l’action quotidienne. L’auteur propose à la fin de chaque chapitre trois questions pour prolonger la réflexion individuelle ou collective et une bibliographie pour aller plus loin.

Selon lui, l’Ecole est bien plus qu’un service public, c’est une institution inscrite dans une démocratie. Elle éduque et enseigne aux enfants pour qu’ils puissent prendre part à la vie démocratique. En tant qu’espace public, l’Ecole exclu le communautarisme, la violence, prone le respect, rassemble et résiste à la puissance des opinions. . L’Ecole est laique et combat toute forme d’emprise sur les esprits, de la religion à la télé ! Néanmoins, il est nécessaire de réinstituer les règles de l’Ecole et faire en sorte que ses acteurs incarnent au quotidien les principes qui l’inspirent. Sa mission est de transmettre aux jeunes générations les moyens d’assurer leur avenir et l’avenir du monde. Les apprentissages y sont obligatoires, progressifs et exhaustifs tout en se refusant de n’exclure personne du processus de transmission (principe d’éducabilité : tout être humain est éducable). Son principe d’universalité est incompatible avec une quelconque homogénéité idéologique,sociologique, psychologique ou intellectuelle. L’exigence de justesse, de précision et de vérité est au cœur du fonctionnement scolaire (ce ne sont pas les rapports de force qui font loi). Parce que l’Ecole n’est pas une entreprise, il est plus important de comprendre que de réussir. C’est un lieu où l’on peut se tromper sans risque. L’Ecole doit etre capable de trouver ses propres recours de remédiation face à la floraison des autres recours du marché de « soutien scolaire ». Enfin, l’Ecole doit à la fois domestiquer et émanciper l’élève : le maître est celui qui lie l’enfant au monde, qui le délit de son assujettissement au monde dans l’espoir que l’adulte naissant se relie ensuite à d’autres pour faire avancer l’humanité en lui et dans le monde (citoyenneté solidaire).

2eme partie LE MAITRE : TENSIONS POUR UN METIER

L éducateur doit faire face à des exigences contradictoires qu

il ne faut pas éliminer mais utiliser et entraîner dans son travail (ex: « Aide-moi à faire tout seul »). Il faut penser ensemble sans incohérence deux idées pourtant contraires. En voici quelques unes :

* Educabilité et liberté: Comment concilier le principe d’éducabilité sans forcer l’élève à apprendre ?

* Transmission programmatique et respect des intérêts de lélève : Comment concilier des savoirs imposés par un programme et l’aléatoire intérêt des élèves ?

* Respect préalable de l' ordre scolaire et découverte progressive de la loi : Comment concilier une soumission nécessaire au règlement de l’Ecole et former les élèves à devenir des citoyens ?

* Accompagnement rigoureux et autonomisation nécessaire. Comment rendre l’enfant autonome en respectant et accompagnant les étapes de son développement ?

* Les groupes de travail: Faut-il des groupes homogènes ou hétérogènes ?

* Fiche de préparation: L’enseignant doit il tout planifier ou improviser ?

* Obligation de résultats et obligation de moyens: Faut il se préoccuper des résultats ou pas du tout ?

* Maitrise des savoirs à enseigner et réflexion pédagogique: Le maître doit il maîtriser parfaitement les contenus d’enseignement ou se préoccuper d’abord de la pédagogie ?

TROISIEME PARTIE: LA CLASSE: REPERES POUR UNE PRATIQUE

Les repères sont les jalons permettant de sorienter. Lutilisation des repères suppose que lon dispose dabord dune boussole et dun cap ( les finalités ) sans oublier de tenir compte des vents et des courants (les tensions) et d

éviter les esquifs (les dérives). Comme souvent, Philippe Meirieu utilise une comparaison pour définir et proposer des repères concrets pour une gestion de classe cohérente avec les principes de l’Ecole.

Afin de permettre à chacun dapprendre, la classe est organisée comme un « espace hors menace » en y interdisant la violence physique et verbale, de linsulte et de la moquerie.

Les temps et les lieux sont spécifiés et correspondent à des activités à mettre en œuvre et à des comportements attendus clairement identifiés. L’auteur propose ainsi d’afficher l’emploi du temps hebdomadaire avec des codes de couleur et des symboles pour chaque activité, d’utiliser des panneaux identifiant les différentes manières de travailler (une classe à lécoute dun interlocuteur unique, une situation de dialogue ou de débat où chacun peut sexprime à son tour, une classe ou chacun travaille seul à son bureau et en silence, des élèves en petits groupes ), de mettre à disposition la liste du matériel nécessaire pour commencer une activité, d’expliciter le type d’attention exigée pour une activité, de faire reformuler les consignes, de rappeler de manière insistante les objectifs dapprentissages.

Les rituels voient leur importance confirmés et doivent doivent être assumés collectivement par toute lécole et décidé au conseil décole en début dannée.

Les objets de savoir résistent à la toute-puissance de limaginaire, se constitue comme une réalité extérieure au sujet et lui permet de sexprimer « à son propos ». La présence et larbitrage des objets permettent de dépsychologiser la relation pédagogique, régulent l‘affectivité ; ils lestent les conflits dopinions, permettent des débats centrés sur la vérité scientifique et confèrent à la parole du maître sa véritable autorité. Ainsi . le maître ne doit pas se contenter denseigner « la vérité » mais aussi son « rapport à la vérité ». Car si la vérité est enseignée comme quelque chose que lon cherche et non comme quelque chose que lon a , lélève immédiatement vibre autrement. Le maître doit oser avouer une approximation ou une erreur, les corriger aux yeux de tous au lieu de tenter de les dissimuler et ne jamais employer largument dautorité (« Cest vrai parce que je le dis »). Il doit multiplier les occasions de travail documentaire.

Le projet est un moteur; il doit être exigeant et de qualité (« la pédagogie du chef-d’œuvre) , doit aller dans le sens de l’intérêt de l’élève. Il n’est pas une fin en soi mais un moyen pour évaluer les objectifs véhiculés par la tâche. Les compétences travaillées doivent être ensuite réinvestient dans une tache nouvelle et plus complexe.

L’évaluation nest pas conçue pour mettre chaque élève en rivalité avec les autres mais lui permettre de se donner des défis à lui-même et les surmonter.

Le travail de groupe doit être organisée de telle manière que chacun participe de manière efficace et complémentaire.

Le travail différencié consiste diversifier les activités de telle manière que chacun soit, guidé dans ses apprentissages et accompagné dans laccession à son autonomie. Le maitre prend chaque élève là où il est , et fait alliance avec lui pour laider à se dépasser et à progresser.

Les sanctions contribuent non à exclure de la classe mais à y intégrer : elles reconnaissent à lélève la responsabilité de ses actes et, en même temps, lui permettent de revenir dans le collectif dont il sest lui-même exclu.

CONCLUSION: CINQ CHANTIERS POUR L’ECOLE

Philippe Meirieu prend position sur les problématiques actuelles.

La dérive des continent scolaires : l’auteur s’interroge sur une perversion des valeurs de la République à savoir l’accroisseme des inégalités entre établissements « difficiles » et établissements« refuges - privilégiés ». Il faudrait qu’une politique de la ville volontariste casse progressivement les ghettos sociologiques, voire ethniques en France. De plus, il trouve inacceptable d’envoyer les jeunes enseignants inexpérimentés et non volontaires dans les classes les plus difficiles.

La raffinerie scolaire : L’auteur déplore l’inégalité des niveaux et la filialisation prématurée des élèves. Il veut remettre l’égalité républicaine en vigueur dans notre système.

Le western scolaire: concernant la violence à l’école, l’auteur pense qu’on ne peut pas exiger de quelque un ce qu’on est chargé de lui apprendre et s’interroge sur les moyens de « construire la loi dans la classe » en s’inspirant de l’Education populaire.

Le désert scolaire: sur la motivation des élèves, l’auteur préconise de donner du sens aux savoirs scolaires.

La tour d’ivoire scolaire: L’Ecole doit sortir de sa bulle et travailler avec les parents.

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11 janvier 2009

Antonin Makarenko

makarenkoI - Biographie

Anton Makarenko, fils d’ouvriers, est né en 1888 en Ukraine sous le règne d’Alexandre III, régime tsariste.
A 17 ans, il devient instituteur et est remarqué par ses qualités de chercheur.Il écrit des poèmes satiriques et des nouvelles ce qui l’amène à entretenir une correspondance avec Maxime Gorki. Il lit Marx et Engel.Jusqu’en 1920, il enseigne et devient directeur dans différentes écoles primaires et secondaires.
En 1920, du fait de la révolution bolchévique et de la guerre civile, de nombreux jeunes sont abandonnés et deviennent délinquants. Malgré une vive opposition, Makarenko décide de créer une maison coopérative pour mineurs grands délinquants : la colonie Gorki – où il pratique ses conceptions en matière d’éducation.En 1927, il épouse Galino Salko qui travaille à la commission de la délinquance d’Ukraine.En 1928, ces méthodes sont critiquées - car jugées pas assez soviétiques – par le Commissariat de l’Instruction Publique. Il continue cependant à ouvrir d’autres colonies jusqu’en 1936 et reprend ses méthodes d’organisation ukrainienne axant le travail sur la production industrielle.En 1932, il publie ses premiers essais pédagogiques et est réhabilité.En 1934, il participe à la direction de la Commission des communautés de Travail d’Ukraine puis est admis à la société des écrivains.En 1936, « Les poèmes pédagogiques » sont publiés : ce succès russe évoque l’histoire romancée de la colonie Gorki. Ses théories pédagogiques sont officiellement reconnues avec un changement complet du Commissariat de l’Instruction Publique. Moscou l’appelle pour qu’il y enseigne sa pédagogie.
En 1938, il est décoré de l’Ordre du travail et publie « Les drapeaux sur les tours » et » Problèmes d’éducation à l’école soviétique ».Toujours influencé par le parti communiste russe, Makarenko n’en sera pas membre puisqu’il décède en 1939, quelques semaines après avoir fait sa demande d’adhésion.Il aura tiré d’une expérience vécue dans une colonie de jeunes délinquants, les grands principes de sa méthode de rééducation des adolescents marqués par la guerre et la révolution.

II – Aspect pratique : Qu'a-t-il mis en œuvre ? Quelle est son action ? Son innovation

Makarenko a pour ambition d’intégrer les laissés-pour-compte de la révolution bolchevique dans la société russe de l’entre deux guerres par le biais de ses colonies Gorki et Dzerjinski.Les enfants, souvent orphelins, sont envoyés par la Commission des mineurs délinquants. À leur arrivée, Makarenko met de côté leur « dossier » et montre ainsi sa volonté de mettre de côté le passé entaché de l'enfant.La collectivité s'organise en détachements spéciaux (groupes d’enfants d’âges divers) ayant à leur tête des « commandants ». Ensemble, les enfants travaillent sur des projets concrets, d'ordre utilitaire. En effet, la colonie garde les routes et fait la police aux alentours. Les enfants construisent également les infrastructures (maison, bâtiments agricoles, ateliers de fabrication de montres et université ouvrière) et gèrent le budget de la colonie. Leurs responsabilités ne sont pas réparties de manière fixe. Un roulement hiérarchique est effectué : un enfant peut être tantôt le commandant, tantôt l’exécutant.La gestion se base sur l'auto-direction des enfants sous la tutelle d'un conseil de collectivité (constitué de représentants des commissions). Pour prendre une décision, Makarenko fait souvent appel à toute la colonie. Le pédagogue a pour rôle de veiller à ce que la discipline entre les enfants ne soit pas trop sévère.Il arrive qu’un enfant compromette la pérennité du groupe par son comportement. La sanction privilégiée est l’exclusion temporaire, ce qui permet à l'enfant de s'interroger sur sa pratique et de se réintégrer lui-même dans le groupe. Ses colonies paraissent fondées sur une discipline militaire. En réalité, Makarenko joue un grand rôle pour y pratiquer une pédagogie de l’action enthousiaste, à l’écoute des enfants, juste mais effectivement exigeante.

III – Aspect théorique : ses principes et ses idées

La démarche de Makarenko s’inscrit dans le mouvement de l’éducation nouvelle favorable à la pratique des travaux manuels et à la liaison entre le travail et la vie. Il s’attache à la formation de l’homme soviétique nouveau et à la volonté de recréer chez un enfant, défini socialement et politiquement, des conduites sociales au sein d’un groupe considéré comme cadre structurant d’éducation. Son but est de faire de l’homme un membre à part entière de la collectivité dans laquelle il est appelé à vivre. Il envisage l’organisation globale de la vie à partir d’une pédagogie du travail caractérisant l’éducation et visant l’émancipation de l’individu.

- Une conception des rapports entre l’école et la vie.

Dans les tâches que l’on réalise, une transformation s’opère et l’intérêt individuel se confond avec l’intérêt collectif (socialisation de l’individu). Une véritable collectivité ne dépersonnalise pas l’être humain mais crée de nouvelles conditions pour le développement de la personnalité. Les jeunes perçoivent peu à peu que la collectivité les protège et qu’ils doivent la protéger. Cette idée de la communauté se crée par les évènements, les traditions, ce qui fait l’identité de la communauté, les souvenirs communs. De plus, les décisions sont prises collectivement et quelques fois avec toute l’institution.

- La foi en la capacité de l’homme à se transformer est la base de la conception pédagogique de Makarenko, selon lui, c’est le travail qui régénère l’homme : «  Exiger le plus possible de l’homme et le respecter le plus possible ».Par ailleurs, les notions d’honneur et de devoir sont importantes.

- La socio-construction du savoir substitue la dualité de la relation maître élève, l’interaction qui a lieu au sien d’une collectivité qui regroupe les professeurs et les élèves, « océan de personnalités sans limites et plein de fluctuations ».

- La pédagogie est le résultat d’une expérience ; la théorie est là pour vérifier.

Makarenko récuse le principe Rousseauiste d’une nature humaine originalement positive. Il est pour prendre en considération l’intérêt de l’enfant, mais se méfie des pédagogies basées sur l’attrait. Par contre, il est très proche de Rousseau par rapport à l’éducation morale où c’est l’expérience qui guide l’enfant dans ses apprentissages de la vie. 

Pour aller plus loin :Aujourd’hui, certains chercheurs s’interrogent sur l’exportabilité d’une telle pédagogie hors du milieu où elle a été pratiquée (rééducation des délinquants dans une Russie postrévolutionnaire) tout en reconnaissant l’intérêt théorique de son œuvre.

Toutefois quelques pratiques pédagogiques dans nos classes s’inspirent des expériences de Makarenko : les conseils d’enfants, le travail en groupe, la pédagogie de projet, la responsabilité dans les taches et la répartition des taches avec roulement quotidien ou hebdomadaire (tableau des taches), et , dans certaines structures, instauration d’un lieu symbolique vers lequel est envoyé l’enfant exclu qui, par son comportement, ne peut rester dans l’endroit qui l’accueille normalement.

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